Tout ce que l'on sait de la pollution en baie de Saint-Brieuc sur le chantier de l'éolien flottant

L'Aeolus, un navire de forage impliqué dans la construction d'un parc éolien en mer a provoqué une "pollution d'ampleur significative" en baie de Saint-Brieuc. Voici les éléments dont nous disposons à 17 h ce mardi 15 juin. 

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D'où vient cette pollution ?

Le navire néerlandais, Aeolus en charge de la réalisation des forages et de l’installation des pieux des fondations du parc éolien en mer de Saint-Brieuc a subi un problème technique à l’occasion d'une série de forages, selon la société Ailes Marines, filiale d’Iberdrola en charge du chantier éolien. Ce problème technique a entraîné l’écoulement de l'huile, utilisée dans les systèmes de guidage des foreuses. L'alerte a été donnée, vers 6h30 au Cross Corsen, par le commandant de l’Aeolus. Le problème technique est apparu dimanche 13 juin.

Dans un communiqué, Ailes Marines précise que le gabarit de forage est une pièce unique spécialement construite pour le parc éolien offshore de St-Brieuc. 

Quelle est l'étendue de la pollution ?

La pollution, d’abord observée par le satellite Cleanseanet, puis confirmée par un avion des Douanes à 14h20, a provoqué une nappe de 16 kilomètres de long et 2,7 de large. Dans un communiqué, la préfecture maritime de l’Atlantique parle d’une pollution "d’une ampleur significative". La quantité d'huile rejetée est d'une centaine de litres.

De quelle huile s’agit-il ?

Il s'agit selon Ailes Marines, d’une huile de synthèse de marque Panolin, HLP Synth, présentée par son fabricant comme "acceptable sur le plan environnemental". Ce fluide serait, toujours selon le constructeur du parc éolien, "spécialement conçu et développé pour les travaux en mer, et biodégradable selon les critères internationaux de l’OCDE 301B. Il est considéré dans l’industrie comme l'un des plus respectueux de l’environnement. Il est largement utilisé pour des applications sous-marines, pour les travaux en mer, en raison de son faible impact sur le milieu".

Nicolas Tamic, le directeur adjoint du Cedre (Centre de documentation, de recherche et d'expérimentation sur les pollutions accidentelles des eaux) se montre plus prudent. "Nous attendons les échantillons pour savoir si ce produit est dangereux ou pas". Un échantillon de 20 litres de mélange d'eau et d'huile devrait être livré par la gendarmerie maritime dans le soirée, ce mardi 15 juin. Il sera ensuite analysé par les scientifiques du Cedre.

Nicolas Tamic explique que cet échantillons passera "des tests de vieillissement" pour savoir comment se comporte le produit à long terme et dans les conditions naturelles, de houle, de climat, de vent etc. Les résultats seront connus dans une semaine. Mais il faudra 24h au Cedre pour identifier et caractériser cette huile et donc savoir si elle est dangereuse ou pas.

Peut-elle s’évaporer ? Peut-on la pomper?

L’huile s’évapore naturellement au contact de l’air et de la chaleur. Cette caractéristique est confirmée par la préfecture maritime et le Cedre. Mais comme cette huile n'est pas connue des scientifiques du Cedre, ils restent prudents quant à son évolution dans l'eau de mer et dans le temps et surtout son impact sur la faune et la flore.

Quant à la pomper, inutile d'y songer, explique Nicolas Tamic. C'est beaucoup trop cher. Il faudrait pomper des millions de litres et à 500 euros le traitement de chaque m3 d'eau polluée, inimaginable de râtisser les 16km.

Pour Nicolas Tamic, le meilleur moyen serait d'absober l'huile avec du papier absorbant, mais le chantier serait gigantesque. 

Où en est l'enquête?

Le procureur de Brest est chargé de mener les investigations. La préfecture maritime de l’Atlantique a rapidement transmis tous les éléments observés depuis le début de l'alerte donnée au Cross Corsen. Ce mardi matin, le Parquet de Brest indique qu’une enquête est ouverte et que des constatations sont en cours. Une communication pourrait avoir lieu dans la soirée. De son côté, le comité des pêches des Côtes-d’Armor, opposé au projet de parc éolien, a annoncé déposer une plainte.

Par ailleurs, Barbara Pompili, la ministre de l'environnement a fait passer au cours de ce rendez-vous "un message de tolérance zéro sur la manière dont doit être mené le chantier" et réclamé la "plus grande transparence" vis à vis de tous les acteurs, a indiqué son cabinet à l'issue de l'entretien. Elle considère que "c'est justement parce que l'éolien en mer est d'importance vitale" et que la France est "très en retard" dans ce domaine qu'il est "absolument inenvisageable que la filière se déploie en provoquant ce genre de nuisance".

Le chantier pourra-t-il reprendre?

Pour l'heure, le chantier est suspendu. Ailes marines annonce que "les travaux ont été immédiatement stoppés dans l’attente de l’inspection technique du gabarit de forage par les autorités ". Ensuite, l’Aeolus retournera aux Pays-Bas, son port d'attache, afin "d’effectuer une vérification technique complète du navire et des outillages". Pour les pêcheurs de la baie de Saint-Brieuc, la pollution est plus ancienne.

Selon Julien Tréhorel, armateur et patron pêcheur à Erquy, les premières pollutions ont commencé il y a 15 jours. "Nos collègues ont remonté des filets gras. Ce qui n'arrive jamais. Aujourd'hui, la pollution est visuelle, mais qu'en est-il au fond depuis quelques jours, les doutes sont très forts". Une reprise du chantier n'est pas envisageable pour Julien Tréhorel, ni pour la majorité des pêcheurs costarmoricans, comme Jonathan Thomas, l'un des autres pêcheurs fermement opposé au projet et condamné pour violences à ce sujet, "il est hors de question que ce bateau [L'Aeolus] revienne en baie de Saint-Brieuc. Le dialogue est rompu et nous ne laisserons pas faire la prochaine fois". 

Pour le moment, Ailes Marines ne communique pas sur la gravité du problème technique intervenu dimanche 13 juin sur cette pièce de forage unique, ni sur le calendrier à venir. 

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